
Georgia O’Keeffe est née en 1887 dans le Wisconsin. Elève à l’Art Institute de Chicago en 1905, elle rejoint, deux ans plus tard, l’Art Students League à New-York. C’est à cette époque qu’elle visite la galerie d’avant-garde « 291 », dirigée par le photographe Alfred Stieglitz. Elle y découvre les œuvres de Rodin, Picasso ou Cézanne et est confrontée à un art moderne, loin de l’enseignement qu’elle a pu recevoir.

La liberté du style des dessins de Rodin et leur puissance érotique marquent O’keeffe qui s’en inspirera, dix ans plus tard, pour une série de nus à l’aquarelle.

Cette aquarelle, issue d’une série, est une des rares œuvres de l’artiste à représenter la figure humaine.
Si Alfred Stieglitz fait connaître l’art moderne européen en Amérique, il propose aussi des expositions consacrées aux artistes modernes américains et il met régulièrement en valeur le travail des photographes.


Arthur Dove est le premier artiste américain à expérimenter l’abstraction. Cette peinture est un hommage au musicien de jazz Irving Berlin et à son morceau « Orange grove in California ». Dove essaie de transcrire en peinture le rythme de la musique de jazz.

Pendant quelques temps, Georgia cesse de peindre puis enseigne dans une université du Texas. En 1916, elle envoie une série de dessins au fusain et d’aquarelles à son amie, Anita Politzer, qui est restée à New-York. Celle-ci choisit de les montrer à Stieglitz, qui décide immédiatement de les exposer à la galerie 291. Fasciné, il exposera chaque année les œuvres de Georgia jusqu’à ce qu’il meurt en 1941.

L’enseignement qu’elle a reçu du peintre Arthur Wesley Dow se fondait notamment sur l’étude du dessin oriental. On retrouve ici cette influence avec ces lignes qui évoquent la calligraphie.

Elle évoque les mouvements de la nature et l’idée de la germination grâce à des formes abstraites.
A partir de 1918, Georgia quitte le Texas pour s’installer à New-York. Elle réalise des œuvres qui sont marquées par un goût pour la botanique et les fleurs. Elle rencontre les foudres de la critique qui voit dans ses tableaux, une image explicite de la sensualité féminine. Paradoxalement, c’est ce scandale qui lance sa carrière et sa célébrité.



Les lignes verticales, le creux noir, les marbrures de la couleur blanche évoquent les plis et les froissements d’un tissu.
Rapidement Georgia tombe amoureuse d’Alfred Stieglitz, qu’elle épousera en 1924. Ils s’installent ensemble et partagent leur temps entre New-York et Lake George où la famille du photographe possède une maison secondaire. Ce paysage champêtre rappelle à l’artiste son enfance à la campagne.


L’architecture simple et austère des granges renvoie aux formes géométriques du Cubisme.
En 1925, Georgia et Alfred emménagent dans un appartement situé dans l’un des buildings de Manhattan nouvellement construits. C’est l’occasion pour elle de s’intéresser au paysage urbain qu’elle observe depuis ses fenêtres.

A l’horizontalité des fermes de Lake George, l’artiste oppose la verticalité des gratte-ciels. Elle étudie les effets de lumière naturelle et artificielle, qui viennent adoucir l’image des immeubles, réduits à de simples empilements de formes géométriques.


Georgia peint des fleurs depuis longtemps mais, au début des années 20, elle cherche à les rendre d’une manière plus originale. Elle décide de les représenter en très gros plan, de façon à ce qu’elles occupent tout l’espace de la toile. Cette vision rapprochée montre l’influence de ses amis photographes et, notamment, Paul Strand. La critique continuera à voir des allusions érotiques dans ces pétales et ces pistils vus de très près, interprétation que rejettera toujours l’artiste.

Ces feuilles de maïs, vues en très gros plan, sont typiques de cette période. La manière de couper le sujet sur les bords est aussi une pratique dérivée du cadrage photographique. O’Keeffe est influencée notamment par son ami Paul Strand qui photographie des plantes ou des objets du quotidien en gros plan.





1929 est une date importante dans la carrière de Georgia. Elle est invitée à séjourner au Nouveau-Mexique. Elle y découvre un paysage et une lumière qui la fascinent et qui l’incitent à s’installer sur place six mois de l’année. Elle se promène, seule, dans le désert et récolte, ne pouvant pas trouver de fleurs, des ossements qu’elle ramène ensuite à l’atelier pour les peindre. Pour elle, ses ossements, comme les arbres morts, n’ont rien de morbide et continuent à exprimer le cycle de la vie.



Au milieu des années 50, Georgia achète une maison au Nouveau-Mexique, Ghost Ranch, qui est totalement isolée et entourée par le désert. Elle peint de nombreuses fois la montagne visible depuis la maison qui devient sa « Sainte-Victoire à elle », en référence à Cézanne. Elle peint également les paysages alentours, dont elle humanise les formes, leur donnant un aspect sensuel, comme elle le faisait avec les fleurs.




Elle s’intéresse aussi à la culture des indiens Pueblos, notamment aux poupées Kachinas qui matérialisent les forces de la nature Elle assiste à des cérémonies secrètes et retransmet ensuite, en peinture, les sensations qu’elle a perçues.



Elle retranscrit les danses giratoires des indiens, les sons des chants et les battements des tambours.
A partir de 1950, l’artiste commence à voyager à travers le monde. Certains de ses tableaux s’inspireront des vues qu’elle découvre depuis le hublot des avions (rivières vues de haut, ciel au-dessus des nuages…)

Cette vue d’une rivière, vue d’avion, devient une pure abstraction.

Avec cette vision de l’immensité du ciel, Georgia rejoint le goût du Sublime chers aux peintres romantiques. La toile évoque C.D Friedrich, avec ce même sens d’une nature plus grande que l’Homme.

De manière générale, à partir des années 50, l’œuvre de O’Keeffe tend vers une simplification et une synthèse des formes. Elle soumet ses motifs à toujours plus d’abstraction, comme en témoigne les différentes toiles représentant la porte donnant sur la patio de sa maison.


Georgia O’Keeffe s’éteint en 1986, à 98 ans, en étant devenue une icône de l’art moderne américain, aussi célèbre en Amérique que Picasso ou Matisse en Europe. Toute sa vie, elle aura cherché à peindre les forces cosmiques de la nature. Son art, c’est la fusion du sujet qu’elle représente avec ses propres émotions.

Il reste très peu de temps malheureusement pour découvrir la belle exposition « Georgia O’Keeffe » au Centre Pompidou.
Une exposition envoûtante très réussie !
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Très chouette parcours avec cette grande dame. Merci.
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